Entre les murs
« Les recluses » un thème fascinant pour un livre qui ne l’est pas moins!
Cette forme d'ascèse inaugurée en Syrie par Eusèbe de Télédan fut assez populaire à une époque découvre t’on sur internet.
En 1187 la jeune Esclarmonde, personnage central du livre de Carole Martinez, cède à cette mode et refuse l’époux que son père lui impose pour préférer être emmurée vivante dans une petite chapelle-tombeau construite pour l’occasion. L’insensée, comme Blanche de Castille veut se consacrer corps et âme à Dieu. Dit et fait, on assiste donc à ce tragique enfermement de la superbe jeune femme mais maints rebondissements vont émailler cette vie monacale. Esclarmonde que l’on croyait vierge découvre dans son ventre un bébé, le petit Elzéar. Son prétendant belliqueux se mue finalement en docile amoureux et Esclarmonde devient la coqueluche de la région. Quelques pages plus loin c'est la sottise d’une servante qui va finalement précipiter un dénouement inattendu...
Chaque évènement est plus bouleversant et accrocheur que le précédent.
Quand on ouvre ce livre mi conte- mi roman on est plongé dans un monde moyenâgeux de princesses féministes aux noms biscornus qui préfèrent ne pas se laisser imposer les chevaliers malotrus qui les courtisent. On découvre une société si codifiée, ritualisée et un système féodo-vassalique où la notion de liberté est si différente de la nôtre qu’on a du mal à le croire. La plume de Carole Martinez, ex professeure de français, est si bien aiguisée que des images naissent à la lecture du récit. On songe au film la Comtesse de Julie Delpy, aux chevaliers de la table ronde ou encore aux ouvrages de Marc Bloch.
Le plus grand talent de l’écrivaine est d’arriver à faire le pont entre et les préocccupations des châtelains bourguignons du 12ème siècle et nous.
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